Quel parisien(ne) n’a jamais vu ces affiches géantes dans le métro prônant l’infidélité ? Au-delà de l’indignation affichée par la plupart d’entre nous (qui par contre ne s’empêchent pas « d’y faire un tour, juste pour voir ! »), il faut avouer que les slogans sont dévastateurs (si vous ne devez en retenir qu’un, retenez celui affiché la semaine précédant le second tour des élections présidentielles : « Parce qu’il ne faut pas se tromper le 6 Mai, le site sera fermé exceptionnellement. »).
Cette « démocratisation » de l’infidélité ne met-elle pas en exergue un mal de notre société ? Quel avenir pour la fidélité ?
La fidélité, concept immuable
La fidélité est un attachement à ses devoirs et ses affections, régularité à remplir ses engagements (source Wikipedia). Première image se raccrochant à ce concept de fidélité, la fidélité conjugale. Etrangement, ce concept est commun à toutes les religions majeures sur notre planète. Juifs, chrétiens et musulmans font en effet de ce concept un temple immuable garantissant la réussite d’un couple. Mieux, selon une enquête TNS Soffres, 76% des couples français affirment ne jamais avoir trompé leur partenaire. La fidélité est symbole de pureté, de dévotion totale, de confiance et d’engagement complet. Cependant, il faut le constater, le mariage est en plein recul, les affaires d’adultères font les choux gras de la presse à scandales et même notre très cher président s’est emparé du phénomène (autant faire un Ice Bucket Challenge François, des sensations pour 100€ en évitant les problèmes). On se demanderait presque pourquoi nos chers concitoyens se laissent tenter par l’inconnu(e)… N’avons-nous pas appris que l’herbe n’est pas plus verte chez le voisin ?
La société de consommation, principal influenceur
Allumons notre télévision, ouvrons notre navigateur web préféré et feuilletons nos magazines. La performance, le dynamisme, la vitesse, le futur, la beauté et le plaisir sont rois. Il faut admettre que nous sommes constamment incités à découvrir de nouvelles choses. L’innovation n’ayant plus de limite, notre besoin d’hier a déjà été remplacé par un besoin de demain. Le sexe, le plaisir, la découverte de l’autre, les dernières coiffures à la mode, la dernière attitude à la mode sont des nouveaux critères de choix (plutôt culturiste ? Libertin-chic ? Métro sexuel ?). L’innovation dans notre rapport à l’amour n’a cessé d’évoluer. En effet, au cours de sa vie, un Homme change et ses besoins d’hier ne sont plus ses besoins de demain. Tout comme le dernier iPhone, une rencontre, un site mettant deux inconnus en relation, vous incitera à vous intéresser aux attraits d’une jeune femme ou d’un jeune homme, qui vous font désormais envie. Blaise Pacal avait d’ailleurs justement dit : « On n’aime jamais personne, mais seulement des qualités ». L’Homme de demain sera donc de nouveau un chasseur, un chasseur de qualités.
L’individualisme, le repli vers soi
Il est aujourd’hui extrêmement simple de s’exprimer, donner son désaccord, exprimer ses passions au plus grands nombres via les différents réseaux que nous connaissons. Nous pourrions, via la diplomatie exprimer à notre moitié nos points de vues, nos inspirations respectives, partager et faire avancer son couple afin de faire changer les choses. Mais pourquoi s’acharner à vouloir changer les choses quand il vous suffit de quelques clics pour rencontrer les qualités que vous recherchez vraiment dans votre être aimé idéal (tout comme on préfère changer son grille-pain plutôt que de le réparer) ?
Les entreprises d’aujourd’hui s’intéressent déjà au consommateur et non plus aux consommateurs. Qui êtes-vous ? Que pensez-vous ? Que voulez-vous me dire ? Car l’Homme de demain sera un profil, un aventurier, un casanier, un sportif, un intello, etc. Des calculs précis nous permettront de savoir précisément de quel type de bien nous avons besoin à un instant T et ce besoin évoluera. Demain, cette tendance s’appliquera très certainement à tous les domaines, même à notre vie intime.
Il y aura là très certainement une volonté de ne plus transmettre, de ne plus faire de sacrifice afin de maintenir un début de stabilité. L’Homme de demain en voudra peut-être toujours plus afin d’atteindre son idéal personnel, toujours plus beau, plus puissant, plus rapide. Cette tendance freinera cette volonté de construction dont nos parents et nos grands-parents nous parlaient. Ces bâtisseurs qui ont traversé les années en cherchant le moyen le plus efficace de combler les besoins sommeillant en eux tout au long de leur vie.
Mais cette vision de demain sera-t-elle réellement un mal pour chacun d’entre nous ?
Un rapport au temps modifié
La société nécessitant d’aller toujours plus vite, les individus s’ennuient également plus rapidement. Il est loin le temps où aïeux pouvaient passer des heures à se regarder dans le blanc des yeux. De nos jours, il est possible qu’à partir du deuxième rendez-vous, deux personnes n’aient plus rien à se dire.
L’accès à un nombre incalculable de données et d’informations pousse également les générations actuelles à vouloir tout tester. On retrouve cette notion dans plusieurs domaines (d’où l’explosion des packs découverte, des vis ma vie, des multiples reconversions etc.) mais également dans l’amour ! Il faut avoir tout testé avant de mourir. Et si notre partenaire actuel ne nous le permet pas, il est de plus en plus aisé de sonner à la porte d’à côté.
Le temps parait tellement lent et pourtant passe de plus en plus vite. Passant tellement vite que nombreux sont ceux qui n’arrivent plus à suivre, et qui prônent le « Carpe Diem » indiquant qu’ils abandonnent la course au temps, et se concentrent sur le moment présent.
Et donc, la fidélité de Demain ?
La période actuelle laisse penser que la démocratisation de l’infidélité et du libertinage redéfinissent les fondement de la fidélité. Ses limites vont peu à peu s’élargir (pas de mauvais jeu de mot svp) et les désirs de chacun seront pris en compte. Il est d’ailleurs admis aujourd’hui que les couples dits libertins sont souvent bien plus amoureux que les couples mettant la fidélité au centre de leur relation. « Il faut énormément aimer son conjoint pour aimer le voir prendre du plaisir, que ce soit avec un autre ou avec soi-même ». Donc la fidélité de demain dépasserait le cadre de la relation sexuelle, et tendrait plutôt vers une fidélité cérébrale, à savoir « avec toi je partage ma vie, avec d’autres je partage des moments ».
Bref, vaste sujet, et le débat est lancé ! N’hésitez pas à commenter et à donner vos avis !