Nous vivons dans une société anxiogène ou une multitude de tracas viennent s’ajouter au stress ambiant : depuis les petites maladresses aux traumatismes importants : la perte d’un être cher, un accident, une maladie, une séparation… L’équilibre mental et psychique est fragile et des éléments de la vie personnelle ou professionnelle peuvent amener à des anxiétés généralisées, des dépressions, des troubles du comportement, des déprimes,… Cela entraîne des mal-être, des « mal de vivre », de l’isolement voir des suicides. Les réponses actuelles à ces maux sont des thérapies, des anxiolytiques ou des antidépresseurs.
Pour un bien être de l’esprit, l’Homme reprogrammera-t-il la mémoire et les souvenirs ?
Le fait d’effacer des souvenirs, voir de les remplacer ou d’en créer de nouveaux a toujours été un fantasme dans la littérature ou dans le septième art : c’est la reprogrammation de l’esprit. « Eternal Sunshine of the Spotiess Mind » est un film américain du réalisateur français Michel Gandry, sorti en 2004. Il met en scène un homme, déchiré par une séparation, qui contacte une entreprise, LACUNA, qui va lui effacer de sa mémoire tous les souvenirs de son ancienne bien-aimée. On peut également citer Total Recall, un film américain réalisé par Paul Verhoeven en 1990, tiré d’une nouvelle de Philip K. Dick « Souvenirs à vendre ». Il met en scène la société Rekall qui propose à ses clients l’implant de souvenirs factices.
Cela reste de la science fiction. Mais est-ce si improbable ?
Roland Benoit et Michael Anderson, deux chercheurs du MRC Cognition and Brain Sciences Unit de Cambridge, ont mené des études pour mettre en lumière les mécanismes de la mémoire qui permettent de neutraliser les mauvais souvenirs. Dans les thérapies post-traumatiques actuelles, il existent deux méthodes : la suppression directe qui consiste à bloquer le souvenir désagréable, et le substitution qui consiste à remplacer le mauvais souvenir par un autre, meilleur. Ils se sont aperçu que les deux méthodes activaient deux circuits différents dans le cerveau, grâce à l’observation des cerveaux de 40 volontaires avec un IRM : l’effacement d’un souvenir désagréable intervient dans une zone du cerveau proche de l’hippocampe et donc de la mémoire, alors que la substitution intervient à d’autres endroits du cerveau, indiquant un travail de prise de conscience de souvenirs alternatifs. Une meilleure connaissance de ces processus impliqueront de plus grandes efficacités thérapeutiques.
La question n’est plus de savoir si l’Homme reprogrammera la mémoire et les souvenirs pour un bien être de l’esprit, mais quand ?