En 2013, devant les élèves de cinéma de l’Université de Californie du Sud, Steven Spielberg et George Lucas présentent leur vision du cinéma pour l’avenir : pour Lucas, « les studios font des films pour l’argent. Du coup, leurs points de vue sont de plus en plus étriqués et les gens vont se lasser » ; pour Spielberg, « il y aura une implosion le jour ou trois ou quatre, voire une demi-douzaine, de ces films aux budgets énormes vont se planter, et le modèle va encore changer ». Selon eux, les changements seront énormes : diminution du nombre de salles de cinéma, agrandissement des survivantes, montée constante du prix du ticket, répartition des films entre salles et VOD.
Pour se divertir, l’Homme contrôlera-t-il le scénario d’un film en le visionnant ?
eXistenZ est un film de science-fiction anglo-franco-canadien réalisé par David Cronenberg en 1999. Futuriste, il met en scène des joueurs de jeux vidéo qui rentrent dans un monde virtuel grâce à une console qui se connecte au système nerveux du joueur. Totalement immergé, le joueur peut interagir sur le scénario, se déplacer dans l’environnement et prendre des décisions qui auront des répercutions.
Cela reste de la science fiction. Mais est-ce si improbable ?
En 2009, le réalisateur mexicain Guillermo del Toro envisage de nouvelles pistes pour l’avenir du cinéma : le rapprochement du cinéma et du jeu vidéo. L’histoire n’est pas « chronologique », et le téléspectateur peut, à sa guise, changer d’angle de vue, zoomer, dé-zoomer, puis se balader hors champ. Tel un jeu vidéo, le spectateur a la possibilité de se « balader » dans le scénario. En allant encore plus loin, le téléspectateur peut influencer le scénario. Il peut défaire, reconstruire et modeler les séquences du film, voir même changer la fin. Les films deviennent interactifs : une multitude de scénarii peuvent être créé à partir d’un film, augmentant radicalement la durée de vie de l’histoire. Le scénario serait semi-guidé, laissant une multitude de variable à choisir par le spectateur. Les quelques salles de cinéma survivantes diffuseraient uniquement les films interactifs à gros budget, avec des trames pré-établies. La durée de vie d’un film au cinéma s’allongerait également, permettant aux spectateurs de choisir leur scénarios préférés et d’en diffuser plusieurs sur les grands écrans.
La question n’est plus de savoir si l’Homme contrôlera le scénario d’un film en le visionnant, mais quand ?